Il y a longtemps que je voulais me faire un maillet en bois à la manière de Roy Underhill. L’assemblage à double queue d’aronde inclinée selon deux directions est un véritable défi puisqu’il ne permet pas de faire des retouches. C’est aussi l’occasion d’essayer cette nouvelle technique avec des outils à mains.
C’est une bonne occasion de commencer à utiliser les belles chutes de l’escalier. Afin d’avoir un maillet qui soit le plus résistant possible, je vais le faire avec du bois de Natte que j’avais en réserve. Le Natte, que l’on trouve à la Réunion, est incroyablement dense et lourd.
J’ai commencé par dessiner sur papier au crayon un croquis.
J’aime la difficulté et je vous propose ici un maillet qui ne va pas avoir qu’une queue d’aronde, mais deux. Je vais avoir sur les côtés du maillet un assemblage à queue d’aronde ainsi que sur le dessus comme on peut le voir sur le plan.

Je vais avoir une queue d’aronde inclinée d’un côté et une seconde de l’autre côté. Les assemblages à queues d’aronde sont très loin d’être impossibles, il suffit de rentrer la queue d’aronde de manière inclinée. Sauf qu’ici, il faudrait que ma masse rentre dans un plan venant de la droite et en même temps de la gauche et c’est là que ça devient impossible. Je vais vous proposer une astuce à la fin pour arriver à faire cet assemblage.
La première étape est la réalisation d’une mortaise. Je vais réaliser une mortaise de 10mm au travers de mon bloc de Natte d’un côté jusqu’à l’autre.
Je trace et centre la mortaise face supérieure. Une fois cela fait, je vais reporter le tracé face inférieure à l’équerre et au trusquin.


Le tracé est fini, j’immobilise mon bloc puis je réalise la mortaise aux outils à main.


La mortaise est finie. Je reporte la hauteur de la mortaise sur la chute de mon escalier (qui sera le manche) et je trace le tenon. ATTENTION : Il faut faire le tenon et l’assemblage dans l’épaisseur et non dans la largeur comme ici.


Je dois maintenant tracer cette queue d’aronde inclinée. J’aimerais que les lignes de la queue d’aronde suivent l’angle du maillet. Cet angle va dépendre de la longueur du manche. Plus le manche sera long, plus l’angle sera faible. Ici, je vais faire un manche assez court, on sera sur une petite massette assez lourde.

Si on regarde cet assemblage, il y a trois angles différents : L’angle du maillet, l’angle d’inclinaison de la joue arrière et l’angle de la queue d’aronde au-dessus. Ces 3 angles ne sont pas indépendants, dès que j’en ai choisi deux, le troisième est fixé obligatoirement.
J’ai fixé l’angle du maillet pour des raisons d’esthétique et je vais également fixer celui de l’inclinaison de la joue arrière pour des raisons pratiques qui vont me permettre d’assembler le maillet à la fin.


Une fois le tracé des différents éléments fini, je peux commencer à scier :


Je peaufine mes découpes au ciseau à bois :

Je passe maintenant à la découpe des angles des côtés :


La découpe de l’assemblage est finie, cependant j’ai commis une erreur : Au moment où j’étais prêt pour tracer l’assemblage sur la masse, je me suis rendu compte que j’avais fais l’assemblage sur la chute dans le mauvais sens. J’ai tellement l’habitude de faire le tenon dans la largeur du bois et pas dans son épaisseur. J’ai dû couper mon travail et le refaire.


L’erreur étant corrigée, je vais pouvoir maintenant reporter toutes les mesures sur la masse et tracer la partie mâle des queues d’arondes. Pour reporter les vraies dimensions, je vais présenter les pièces les unes à côté des autres et je vais simplement remonter des lignes.


Je délimite la zone avec le ciseau à bois puis je scie les bords.


J‘évide la partie intérieure, puis je peaufine et lisse les bords toujours au ciseau à bois.


C’est terminé et contrairement à d’habitude, je ne peux pas faire d’assemblage à blanc.
L’astuce pour l’assemblage : On a une queue d’aronde inclinée vers la droite et une autre vers la gauche avec les deux bords parallèles. Il faudrait glisser la masse dans un sens et dans l’autre, ce qui est impossible.
L’idée est d’utiliser un serre-joint en haut de telle sorte que j’arrive à redresser les queues d’aronde, afin que leur arrêtes soient parfaitement parallèles. Pour cela, je vais devoir retirer un peu de matière à la base des queues d’arondes afin de gagner en flexibilité, mais en gardant de la solidité.

Dans tous les cas, il y a le tenon de taille importante qui apporte une bonne solidité. Une fois redressé, cela devrait fonctionner, mais il va quand même falloir frapper fort pour que le tout s’emboite. Il y a un risque d’éclater la masse parce qu’elle ne va pas être totalement en forme au moment où je vais taper. Donc je vais faire cela dans des presses et avec des serre-joints pour protéger chaque axe.
Je commence donc par creuser à la base et vérifier que les queues d’arondes se plient bien.


Ça fonctionne, les queues d’aronde se plient comme il faut. Le moment fatidique arrive. Je positionne le début de l’assemblage dans la masse avec le serre-joint que j’enlève par la suite puis je commence à frapper.


Le bois s’est un peu fissuré :


Au début, on avait un serrage qui ne se faisait pas bien sur le haut, là où il y avait un gros risque d’éclatement et après tout s’est passé nickel sauf une chose. Pendant l’assemblage, la partie mâle a subi une pression et a été écrasée. A priori, c’est juste des fibres compressées. Pour régler ça, j’asperge d’eau la zone enfoncée, je place de l’essuie-tout par-dessus, que j’asperge également. Puis je viens placer un fer à repasser que je laisse pauser quelques minutes. Le bois a gonflé et l’on ne voit plus la zone écrasée.


La masse est finie. Je passe maintenant à l’usinage du manche à l’aide d’un tour à bois.


Je rabote les arrêtes de la masse, puis j’applique du Rubiot pour la finition. Pour la finition du manche, je découpe un morceau de cuir que je vais coudre autour de ce dernier.


Il est là, il est beau, il est réussi. Je suis hyper content du résultat, c’est solide, ça se tient bien en main, l’alliance du cuir, du bois et de ses différentes essences est magnifique.


Retrouvez les détails de la fabrication de ce maillet en vidéo :
Vous aimeriez retrouver les plans sketchup de ce maillet ? Je vous partage deux plans réalisés par deux anciens élèves Steve et Gino. Je tiens à fortement les remercier pour leur partage.
Le plan réalisé par Steve :
Le plan réalisé par Gino :
Retrouvez mes formations ici : https://www.samuelmamias.com/les-formations/
Comme toujours on ne peut que rester ébahi par les réalisations de Samuel. Ce maillet est magnifique mais sa réalisation, je le craints, dépasse mes possibilités, même avec les explications très claires données par Samuel. En tout cas merci pour cet article et la vidéo qui l’accompagne.
Magnifique ! Merci et bravo
super article.
je viens d’acquérir ma rabo dégau. je vais pouvoir m’y lancer. j’ai fait un plan pdf si besoin
Pouvez vous me le transmettre s’il vous plaît ?
Merci